Ce matin du 10 février, le duc de Choiseul observe le duc de Bedford signer le fameux traité par lequel la France cède, à la Grande-Bretagne, le Canada et diverses autres possessions à travers le monde. Il s’y prépare depuis trois ans. Cette guerre qui a duré sept ans a coûté trop cher à la France. Il a bien hâte de croiser Voltaire qui lui écrivait quelques mois plus tôt : « Je suis comme le public, j’aime mieux la paix que le Canada et je crois que la France peut être heureuse sans Québec ». Choiseul a convaincu le Roi de préférer le sucre et le poisson à la fourrure. Il n’a qu’un regret : celui de ne pas avoir en face de lui William Pitt le grand vainqueur de cette guerre. Il le sait bien embarrassé. Tous deux se posent en effet la même question : que feront les Treize colonies sans une menace française à leurs frontières ? En quittant la salle, il glisse à ses conseillers : « Nous les tenons ! »
Et tant pis pour cent cinquante ans d’héroïsme, tant pis pour un prolongement de la France en Amérique, tant pis pour ses alliés indiens. Qu’ils aillent aux Anglais ! Quant au marquis de Montcalm ? Que Dieu ait son âme !
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