Le Curé Labelle demeure l’un des personnages québécois les plus emblématiques du XIXe siècle. « Saint patron » de la colonisation de l’Outaouais et des Laurentides, c’est un homme à forte poigne qui entretient de grands projets pour ses compatriotes.
Au milieu XIXe siècle, la situation semble désespérée pour les Canadiens français. Plus d’un million d’entre eux partent en exil aux États-Unis pour y trouver du travail suite aux rébellions patriotes et au morcellement des terres agricoles disponibles. Voyant le mode de vie urbain et industriel que les exilés tendent à adopter en quittant leurs terres, l’Église s’inquiète pour la vocation agricole et missionnaire qu’elle estime être celle des Canadiens français. Elle encourage donc, avec l’aide du gouvernement québécois, le développement et la mise en valeur des terres du nord de Montréal.
Ces « terres de roches », comme elles étaient appelées, demandent énormément de travail avant de pouvoir offrir un rendement acceptable. Ainsi, des sociétés de colonisation sont fondées pour soutenir les colons. À l’avant-plan, le curé Labelle organise des loteries et crée une agence matrimoniale afin de stimuler l’expansion et d’offrir une solution de rechange à ceux qui sont tentés par l’exil aux États-Unis.
Tenant tête aux compagnies britanniques et américaines qui entravent la colonisation pour protéger leurs territoires de coupe, il parvient à faire construire un chemin de fer entre Montréal et Saint-Jérôme. Le 21 août 1876, le chemin de fer Montréal–St-Jérôme est inauguré.
Antoine Labelle caresse également une ambition secrète : coloniser tout le nord du Canada et en faire un territoire catholique, qui s’étendra jusqu’à Winnipeg, isolant ainsi le Canada-anglais et, dans ses propres mots, accomplir la « revanche de Montcalm ». Il souhaite ainsi remporter « la plus grande victoire que jamais nation ait accomplie : conquérir [ses] conquérants ! ». Le curé Labelle poursuit son œuvre jusqu’en 1889, mais les autorités ecclésiastiques le trahissent et le forcent à quitter ses fonctions et cesser ses activités.
Pour en savoir plus :
http://www.biographi.ca/fr/bio/labelle_francois_xavier_antoine_12F.html
http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=11320&type=pge#.WW0xV-nkWUm