Le matin du 16 novembre 1885, le chef métis Louis Riel est pendu. Malgré les nombreux appels à la clémence, le premier ministre canadien John A. Macdonald fait la sourde oreille et refuse de commuer la condamnation à mort en peine d’emprisonnement.
La pendaison du chef métis provoque un émoi considérable au Québec. Le 22 novembre 1885 se tient à Montréal, au Champs-de-mars, une immense manifestation de protestation. Dans les quotidiens qui couvrent l’événement, on parle d’une foule d’environ 50 000 personnes.
Le discours le plus retentissant est celui d’Honoré Mercier, alors chef du parti libéral du Québec. « Riel, notre frère, est mort, s’écrie-t-il, victime de son dévouement à la cause des Métis dont il était le chef, victime du fanatisme et de la trahison; du fanatisme de Sir John et de quelques-uns de ses amis; de la trahison de trois des nôtres qui, pour garder leur portefeuille, ont vendu leur frère ».
Le discours de Mercier n’exprime pas seulement la colère des Canadiens français. C’est surtout une main tendue à tous les conservateurs « nationaux » dégoûtés par l’intolérance de Macdonald. Ce discours est une invitation à la « convergence », au rassemblement et à l’unité constructive.
Un an plus tard, le Parti national de Mercier est porté au pouvoir.
Pour en savoir plus :
Claude Corbo (dir.), « “Riel, notre frère, est mort” : Discours du Champs-de-mars », Honoré Mercier. Discours, 1873-1893, Montréal, Del Busso éditeur, 2015, p. 171-176.
Jean-François Nadeau, « “Riel, notre frère, est mort”. La lutte des Métis a une résonance toute particulière chez les francophones », Le Devoir, le 15 avril 2016.