Le 6 décembre 1900, Alphonse Desjardins et un groupe d’amis de Lévis crée la première caisse populaire, une « société coopérative d’épargne et de crédit », selon les statuts de la nouvelle institution. Mais il aura fallu que Desjardins contourne l’indifférence d’Ottawa.
Malgré l’appui de députés fédéraux du Québec, la Chambre des communes refusera qu’on dépose un projet de loi encadrant juridiquement la nouvelle institution. Desjardins se tournera alors vers l’Assemblée législative qui adoptera en 1906 la Loi concernant les syndicats coopératifs qui place les caisses populaires sous juridiction de la province.
Le concept fait bientôt boule de neige. C’est le début d’un grand mouvement québécois d’économie sociale. Plutôt que d’appartenir à quelques riches « capitalistes », les Caisses populaires imaginées par Alphonse Desjardins appartiendront à tous ceux qui y déposeront leurs épargnes. Ces « coopératives » seront démocratiques, puisque tous les cotisants auront la possibilité d’élire leurs représentants. De plus, les profits seront partagés équitablement, grâce à des ristournes.
Le modèle imaginé par Alphonse Desjardins propose une voie mitoyenne entre le libéralisme sauvage qui ne jure que par la libre concurrence et le collectivisme étatique d’une gauche communiste qui ne cesse de gagner du terrain en Europe. Le mouvement coopératif d’Alphonse Desjardins est une initiative de la société civile. Des citoyens solidaires, qui cherchent à épargner et à s’entraider, ont conçu des institutions de crédit différentes de celles des banques dont l’objectif a toujours été le profit.
Si les débuts des caisses sont modestes, dès 1929 le réseau des caisses populaires Desjardins compte 178 établissements, qui regroupent 44 835 membres cumulant un actif de 11 millions de dollars.
Pour en savoir plus :
Pierre Poulin, Histoire du mouvement Desjardins. Tome 1 – Desjardins et la naissance des caisses populaires, 1900-1920, Montréal, Québec-Amérique, 1990.