Le 17 décembre 1917, les Canadiens anglais reportent au pouvoir les conservateurs de Robert Borden, lesquels viennent de faire adopter, dans la controverse, la loi sur le service militaire, quelques mois plus tôt. Cette loi prévoit l’enrôlement forcé (la conscription) de tous les Canadiens âgés entre 20 et 35 ans. On l’a âprement combattue au Québec. Même le vieux chef libéral Wilfrid Laurier s’y est opposé, ce qui a provoqué un schisme au sein de son parti.
En conséquence, lors de l’élection fédérale de décembre 1917, les conservateurs n’obtiennent au Québec que 4 % du suffrage et font seulement élire trois députés, dans des circonscriptions anglophones. Jamais, depuis la pendaison du chef métis Louis Riel, le Canada n’a été aussi divisé.
C’est dans un tel contexte que, le 21 décembre 1917, quelques jours après l’élection fédérale, le député libéral Joseph-Napoléon Francoeur propose la motion suivante : « Que cette chambre est d’avis que la province de Québec serait disposée à accepter la rupture du pacte fédératif de 1867 si, dans les autres provinces, on croit qu’elle est un obstacle à l’union, au progrès et au développement du Canada ».
Pour la première fois, en pleine assemblée législative québécoise, la sécession du Québec est clairement envisagée. Après quelques discours, dont celui du premier ministre Lomer Gouin, la motion est finalement retirée et ne sera jamais soumise au vote.
Pour en savoir plus :
René Castonguay, « Un bluff politique. 1917 : la motion Francoeur », Cap-aux-diamants, no 53, printemps 1998, p. 22-24.