https://www.facebook.com/autre150e/videos/1554852427915196/
« So long as I am President of Canadian National, no one will be appointed Vice President on CN because he is a French Canadian. » (« Tant que je serai président du CN, personne ne sera nommé vice-président du seul fait qu’il est Canadien français »). Donald Gordon allègue ainsi qu’aucun Canadien français n’est selon lui assez qualifié pour occuper l’un des 28 postes de cadre de la société d’État.
Reprise par les médias, cette déclaration faite le 20 novembre 1962 a l’effet d’une bombe dans les milieux québécois. En éditorial, André Laurendeau confie : « M. Gordon a une qualité : il est brutal. Il dit très fort ce que d’autres font aussi bien que lui mais sans le dire. »
À Trois-Rivières, Québec et Montréal, Donald Gordon est brûlé en effigie par des étudiants et des partisans de l’indépendance. Bernard Landry, alors porte-parole de l’Association générale des étudiants de l’Université de Montréal, demande à rencontrer Gordon pour lui prouver qu’il se trompe, mais sans résultat.
Alimentée par d’autres cas similaires, « L’affaire Gordon » mène un mois plus tard à la création de la Commission d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, coprésidée par MM. Laurendeau et Dunton. La commission BB exposera ensuite au grand jour, statistiques à l’appui, l’infériorité économique des Canadiens français et la discrimination dont sont toujours victimes les francophones au milieu des années 1960, tant dans l’administration fédérale que dans le secteur privé.
Pour en savoir plus:
Pierre Turgeon, Le Canada : une histoire populaire de la Confédération à nos jours, Saint-Laurent, Fides, 2001, p.253-254.
André Laurendeau, Ces choses qui nous arrivent. Chroniques des années 1961-1966, Montréal, HMH, 1970, 342 p.