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En décembre 1962, les Québécois posent un geste de nationalisation d’une ampleur sans précédent en se rendant maîtres d’un levier qui allait avoir une influence déterminante sur le développement de leur économie : d’un trait de plume, le ministre québécois des Ressources hydrauliques, René Lévesque, exproprie les 11 principales entreprises d’électricité qui n’ont pas été étatisées en 1944 pour concentrer la production d’électricité dans les mains d’Hydro-Québec, propriété de tous les Québécois.
Le développement de l’hydro-électricité est au début des années soixante un enjeu essentiel. Or, cette filière est alors toujours contrôlée en grande partie par des compagnies américaines et canadiennes-anglaises organisées en cartel afin de maintenir des prix élevés et de retarder la modernisation du réseau. La volonté de Québec se heurte alors au « syndicat financier » canadien qui contrôle l’accès au crédit et qui refuse net de financer la nationalisation du réseau hydroélectrique. Jacques Parizeau, alors haut-fonctionnaire, décide donc de se tourner vers l’étranger et d’emprunter directement sur le marché financier de New York où il convainc ses interlocuteurs qu’il s’agit d’une bonne affaire.
Les effets de la nationalisation du réseau de production et de distribution de l’électricité ne se font pas attendre. Non seulement les prix à la consommation diminuent dès les premières semaines, mais le gouvernement peut en plus garantir des tarifs d’électricité avantageux à certaines entreprises qu’on souhaite attirer au Québec. Finalement, la gigantesque entreprise ainsi créée permettra aux Canadiens français d’accéder à des postes de direction et de briser le plafond de verre économique qui les excluait du milieu des affaires. Dirigée et opérée par des Canadiens français, Hydro-Québec devient ainsi le fer de lance de l’économie d’un Québec enfin sorti de la Grande Noirceur.
Pour en savoir plus :
Claude Bellavance, Un long mouvement d’appropriation de la première à la seconde nationalisation, Hydro-Québec : Autres temps, autres défis, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 1995.
Ici.radio-canada.ca, « La nationalisation de l’électricité », le 10 septembre 2009, en ligne.
