En 1989, le gouvernement québécois de Robert Bourassa défie un jugement de la Cour suprême du Canada qui enjoignait à l’Assemblée nationale du Québec d’autoriser la présence d’autres langues que le français dans l’affichage à l’extérieur des commerces. Il le fait en recourant à une disposition dérogatoire dans la Loi 178 adoptée en décembre 1988 pour assurer la continuité de la politique linguistique établie par la Charte de la langue française. Ce faisant, il provoque l’ire de l’Alliance for the Preservation of English in Canada (APEC), un groupe qui lutte pour la suprématie de l’anglais au Canada.
Le 6 septembre 1989, le premier ministre ontarien David Peterson, auteur de la Loi 8 sur les services en français en Ontario et signataire de l’accord du la Meech, est de passage à Brockville. Des membres de l’APEC profitent de l’occasion pour piétiner le drapeau du Québec pour protester à la fois contre les politiques linguistiques de l’Ontario et du Québec, et contre la ratification d’une clause qui reconnaîtrait le Québec comme société distincte dans la Constitution canadienne. Brockville était également le lieu de naissance du mouvement orangiste (anti-catholique) au Canada, en 1830.
Le mouvement anti-français gagne plusieurs villes canadiennes en 1989 et 1990. Le cas le plus connu est celui de Sault-Sainte-Marie en Ontario, qui se déclare ville unilingue anglaise dans une résolution adoptée le 29 janvier 1990. Cette fronde contre le bilinguisme et contre le Québec joue un rôle dans le rejet de l’accord du lac Meech. Le mouvement s’incarne aussi dans des partis régionaux au Canada anglais : le Confederation of Regions Party (CORE) et le Reform Party.
Pour en savoir plus :
« Les minorités au Canada et les lois antifrançaises. L’idéologie orangiste », L’aménagement linguistique dans le monde, en ligne.
Luc Bouvier, « Drapeau du Québec : le fleurdelisé », Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, en ligne.